Killing me softly... {Sarah H.

Assise sur un banc, au Harmon Park de Phoenix, la clope au bec, comme d'habitude. Quelle drôle d'addiction, la cigarette, non ? Je sais pertinemment que ce que je fais est mal, je le sais, et je veux arrêter, mais je ne peux pas. C'est comme si il y avait un lien invisible entre ce petit bâtonnet et ma main. Etrange, comme je le disais.
J'étais ici, dans le sud de Phoenix, seule. Depuis quelques temps déjà que j'étais arrivée, j'étais comme au premier jour : désespérément noyée dans ma coutumiére solitude. J'en étais au point de la remise en question. Depuis toujours, je dis que pour rien au monde je ne changerai qui je suis. Et, ironie du sort, savez vous pourquoi je suis ici, à Phoenix ? Pour changer justement. Fidéles à leurs habitudes complétement idiotes, mes deux imbéciles de parents n'ont rien trouvés de mieux que de m'envoyer à l'autre bout de l'océan Atlantique pour arrêter mes 'stupiditées'. Au début, pendant longtemps, même, jusqu'à la semaine derniére, à dire vrai, en tant que bonne enfant rebelle bien comme il faut, j'avais continué mes frasques nocturnes. J'étais persuadée que ma logeuse, tante Aubrey, ne se rendait compte de rien. J'étais bien loin du compte. Un soir, il y a sept jours, alors que je passait le pied par dessus ma fenêtre pour sortir, j'avais sentie une main dodue me tapoter le mollet. Un coup d'oeil m'avait suffit : même dans l'obscurité, j'avais reconnu la silhouette imposante d'Aubrey. Je m'attendais à une explosion de colére, et là, étonnement, elle m'avais juste dit, d'une voie maternelle :

-Descends, gamine, tu vas te casser quequ'chose.

J'avais obtempéré. Une fois que j'avais les pieds sur terre, elle avait passé son bras autour de mes épaules, et m'avait conduite à l'intérieur de la maison. Elle m'avait dit d'aller me changer, me démaquiller, et de redescendre ensuite. Je fut alors tentée de partir de nouveau, mais une voix dans ma tête m'avait dit de retourner voir ma tante. Une dizaine de minutes aprés, j'étais de nouveau face à elle, un bol de lait fumant devant moi. Là, Aub' s'était lancée dans un monologue. Ce serait vous mentir si je disais qu'il était chiant à mourir. Il était instructif. Pour la premiére fois de ma vie, j'entendais ce que j'avais envie, besoin d'entendre. Certes, elle me remontait les bretelles, un peu, mais tante Aubrey se comportait d'une maniére si maternelle que j'en avais eu les larmes aux yeux. Au bout d'une vingtaine de minutes, elle s'était levée, silencieusement, puis s'était dirigée vers l'escaliers. Elle s'était retournée vers moi, puis m'avait dit :

-La porte est ouverte, Effy. C'est à toi que le choix appartient.

Et elle avait éteint la luimére. Je ne savais pas combien de temps s'était écoulé, mais j'étais restée un long moment dans la cuisine, à penser à tout et a rien. Au bout de ce long moment de réflexion, je m'étais levée et, contrairement à ce que j'aurais fait en étant à Bristol, j'étais remontée dans ma chambre, et j'avais dormie jusqu'au matin. Cela faisait des années que je n'avais pas eu de réelle nuit de sommeil.
Voilà, c'était la cause de ma présence ici. Je regardais la cigarette à moitié erminée que j'avais dans la main puis, de toutes mes forces, la jetait. Jusqu'à maintenant, je n'avais pas rencontré quelqu'un pour qui changer. Mais aujourd'hui, j'avais Aubrey. Intérieurement, je me dis
Eff', c'était la derniére. Jamais plus tu n'en toucheras.
Je savais que sa allait être difficile, mais j'essairais de m'y tenir. Pour Aubrey.
Ce fut sur ces bonnes pensées que je sentis la présence de quelqu'un derriére moi. J'avais dit "Finit" aux frasques, mais pas à la solitude, que je sache ?!

Killing me softly... {Sarah H. Iconalkx3

Aux alentours de 10.30 a.m.

Sarah s'était levée ce matin là avec beaucoup de motivation et un sentiment de bonheur grandissant face à cette nouvelle journée qui l'attendait. Elle était heureuse d'avoir du temps libre pour une fois. Pas d'entrainement, personne de spécial à voir. Elle pensa dés lors passer sa journée en rue à Phoenix et de visiter les endroits qu'elle n'avait pas encore eu le temps de visiter depuis qu'elle s'était installée. Elle se leva donc, tira ses volets et regarda la fine brume d'un matin d'hiver. Certes les températures baissaient de plus en plus, le soleil ne se montrait que rarement mais c'était ça la vraie vie. Elle descendit en sous-vêtement, attrapa des céréales au passage ainsi qu'un bol de lait. Elle se versa un jus d'orange frais dans un verre et prit son temps pour avaler tout ça. Son estomac semblait la remercier et elle lut quelques magasines avant de remonter en haut. Ce genre de lecture pour filles un peu chochottes dans le genre et quelque fois superstitieuses. Vous savez, ce genre d'horoscope qui vous prédit toujours de gagner au loto 36 fois et de connaître 20 fois le grand amour dans votre vie. Mais le pire de tout c'est que cela amusait grandement Sarah. De toute manière, rien aujourd'hui n'aurait pu la mettre de mauvaise humeur. Elle était radieuse même, ce qui était plutôt rare dans l'esprit de la jeune femme.
Après quelques minutes de détende, elle se leva et tapa tout dans l'évier avant de remonter s'enfiler une belle tunique en laine, col en V sur un jeans assez bien moulant. Elle enfila ses bottes à la mode avant de se coiffer soigneusement. Elle attacha ses cheveux en queue de cheval avant de se maquiller quelque peu. Elle s'admira quelques minutes devant le miroir et souriait à s'en fendre les joues. Hampton attrapa son sac ainsi que ses clés et referma les portes de la résidence derrière elle. C'était partit direction Harmon Parc, dans Phoenix même.

Comme je l'ai préciser plus haut, Sarah disposait d'une journée entière où elle pouvait donc faire ce qu'elle souhaitait, tout ce qu'elle voulait. Elle marcha en rue, souriait à ceux et celles qu'elle rencontrait sur son chemin, faisait la bise aux amis qu'elle croisait. Elle se regardait au passage dans les vitrines avant de s'assoir sur un vieux banc au plein centre de la circulation. Elle repensa alors à ce qu'elle était devenue, à l'adolescence qu'elle avait passé. Pour elle, rien n'avait vraiment été difficile, la vie lui avait sourit du début jusqu'à la fin. Elle n'était pas tombée malade, elle n'avait pas avaler de substances illicites, elle n'avait jamais fumer, elle avait toujours fréquenter les bonnes personnes et n'avait pas vraiment connu des ennuis avec sa mère. Oui, l'adolescence de la jeune femme ne fut pas pour autant perturbée mais c'était loin d'en être ainsi pour son enfance. Elle perdit en effet son père dans un accident de voiture et en reçut elle-même les séquelles. Elle dut subir une rééducation et c'est ainsi qu'elle se trouva un domaine en particulier dans lequel elle excellait: la natation. Sa pauvre mère veuve depuis avait toujours pris soin de sa fille, lui avait offert tout ce qu'elle désirait, avait fait plusieurs sacrifices même si l'héritage de son mari était important. Elle avait toujours poussé Sarah dans tout ce que celle-ci entreprenait, elle lui avait transmis cette force, cette rigueur dont elle avait besoin. Elle était maintenant à Hearst, dans cette université connue de tous, en plein centre de Phoenix; mais que demandez de plus ?
Sur ces belles pensées, elle se releva et s'enfuie dans le parc.

C'est après quelques minutes de marche qu'elle surprit une jeune femme adossée à un arbre, assise sur le sol glacé. Celle-ci devait être perdue dans ses pensées et disposait d'une ou deux cigarettes à ses pieds. Hampton ne l'avait jamais vraiment croisée, elle ne connaissait vraiment pas cette jeune femme. Elle avait entendu un bruit comme quoi de nouveaux élèves venaient d'arriver dont une un peu spéciale, comme on lui avait certifier. Sarah se dit que ça ne pouvait être cette jeune femme, elle n'avait pas trop l'air bizarre vue de loin. Elle s'approcha de celle-ci doucement. Elle pouvait peut-être la remballer vite fait ou l'agresser lui demandant méchamment de dégager. Mais Sarah ne s'arrêta pas à ces hypothèses, quelque chose en cette jeune femme l'attirait, sa curiosité poussée à bout. Hampton s'approcha encore, redoutant le moment ou elle se retournerait. Sans demander la permission, elle s'assit à côté d'elle et s'obligea de ne pas la fixer. Elle en avait pourtant envie, quelque chose chez elle la surprenait, faisait que son visage lui était familier en étant certaine cependant de ne pas la connaître.

« - Je peux ? Je veux dire, je me présente, Sarah Hampton. Si je ne me trompe pas, tu viens d'arriver à Phoenix ? »

Rapide était sans doute le mot qui convenait pour qualifier cette nouvelle relation. D'habitude Sarah avait du mal à engendrer une conversation mais elle n'avait ressentit aucune gêne cette fois ci. Elle lui souriait attendant de connaître son nom. Son attention pour la demoiselle était quelque chose de toute façon d'inné en elle. Elle s'intéressait beaucoup aux gens qui l'entouraient et avait toujours ressentit ce besoin d'en aider quelques-uns. Pourtant elle le savait, jamais elle ne changerait le monde. Mais dans ses pensées, pour elle, tendre la main à quelqu'un c'est déjà changer le monde mais à sa façon.

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